Villejuif à travers le temps
Villejuif est au cœur de la « banlieue rouge » ou « ceinture rouge », qui désigne depuis les années 1920 l’ensemble des villes majoritairement peuplées par la classe ouvrière entourant Paris et dirigées par une mairie communiste. L’histoire moderne de Villejuif s’est également forgée avec les vagues de migration successives participant aussi à l’urbanisation de la ville depuis la fin du siècle dernier.

Au temps de la préhistoire
Il y a environ 120 000 ans, la zone des Hautes-Bruyères se trouvait à 70 mètres au-dessus du niveau actuel des rivières. Avec le retrait des eaux, la chasse a prospéré jusqu'à l'arrivée des agriculteurs néolithiques il y a environ 6 000 ans, marquant le début de l'agriculture et des premiers villages, y compris celui des Hautes-Bruyères. On y cultivait des céréales et élevait des animaux. Des vestiges retrouvés, comme des outils en pierre et de la céramique, témoignent de cette époque. Des recherches archéologiques ont révélé de nombreux objets et ossements humains.
Au Moyen Âge
Les archéologues trouvent des traces de Villejuif pendant la période gallo-romaine. Vers l'An mille, la paroisse de Villejuif a été fondée. Plusieurs ordres religieux s'y installent au cours des siècles suivants. Les villageois cultivent des vignes et des céréales, mais les serfs travaillent pour des propriétaires terriens. À partir de 1250, des mesures affranchissent les serfs, et une église en pierre est construite.
Vers le 14e siècle, des parisiens achètent des terres à Villejuif. La communauté villageoise se développe malgré les guerres et les propriétaires, religieux et nobles, qui possèdent la majorité des terres. Au 15e siècle, la population atteint environ 300 à 400 habitants, vivant principalement dans des chaumières.
Au 16e siècle, Villejuif connaît une période de paix et de prospérité, entraînant le développement du village. L'activité artisanale se développe avec des boulangers et des bouchers. Au 17e siècle, des changements fonciers s'opèrent, certains seigneurs développent leurs terres tout en imposant des taxes sur les habitants. Des troubles éclatent à cause de ces taxes et de la saisie des récoltes.
L'époque moderne
Le 18e siècle ne voit pas d'amélioration pour les villageois. Les carrières de plâtre deviennent une nouvelle source de revenus. En 1789, la communauté rédige un cahier de doléances en réponse aux injustices. Avec la Révolution, les biens de l'église sont vendus, changeant la structure foncière de la région.
Le 19e siècle voit une explosion de la population, atteignant 5 234 habitants en 1896. Le bourg s'étend avec des lotissements, marquant la fin d'une époque rurale. Après la guerre de 1870-1871, des changements sociaux se produisent, notamment la création d'un asile. L'urbanisation se poursuit, avec la construction de l'hôpital Paul-Brousse.
Avec la IIIe République, la vie municipale entre dans la voie démocratique, le maire étant élu et non plus désigné dès 1883 : le docteur Hyacinthe-Emmanuel Reulos, maire, assurera le passage de Villejuif du 19e siècle au 20e siècle. Certes l'activité économique dominante demeure l'agriculture, mais elle est en forte régression avec la multiplication des lotissements. Ainsi, avant la Grande Guerre, le centre-ville verra l'urbanisation du très vaste parc des Saint-Roman dans lequel seront percées quatre rues nouvelles dont l'avenue des Saint-Roman qui joint la place de la mairie à l'avenue des écoles, devant l'entrée principale du nouvel hôpital Paul-Brousse, inauguré en 1914, et construit lui aussi, pour l'essentiel, sur les restes de domaine agricole des Saint-Roman, aux Barmonts.
La part des ouvriers et des employés dans la population ne cesse de croître. Les provinciaux, Bretons surtout, et Auvergnats, prennent le relais des vieilles familles. Cette mutation va engendrer, au sein même de la commune, des conflits d'intérêts qui ne feront que s'exacerber une fois la paix revenue, en 1918. La lutte des classes donnera lieu à un changement radical de la majorité municipale, avec l'accession du Bloc Ouvrier et Paysan à la mairie, en la personne de Xavier Guillemin, en 1925, et de son successeur, en 1926, Gaston Cantini.
100 ans de progrès
L'équipement urbain connaît alors une extension rapide sous l'impulsion de Paul Vaillant-Couturier, maire de 1929 à 1937 : écoles de la rue Pasteur, bains-douches municipaux de la rue Jean Jaurès, dispensaire de l'avenue de Paris et l'école Karl Marx, construite par André Lurçat dans un quartier non urbanisé au sud de Villejuif. N'oublions pas l'ouverture de la colonie des Bernardoux, en Dordogne, qui va marquer profondément des générations de jeunes Villejuifois. Entre les deux guerres, les lotissements ouvriers, quant à eux, auront conquis la commune. Puis vient la seconde guerre mondiale ou bon nombre de Villejuifois, entrés en résistance, paieront de leur vie cet engagement.
Au retour de la paix, Louis Dolly prend en charge la mairie et ce jusqu'en 1977. Il continuera la politique d'expansion urbaine de ses prédécesseurs, rendue urgente par la présence de milliers de mal-logés à Villejuif : création de l'Office d'HLM en 1956 et, dans les années soixante, urbanisation de l'immense quartier des Lozaits qui couvre la plus grande partie sud de Villejuif. S'ajoute à cela la rénovation du centre-ville, avec la résorption de l'îlot insalubre de la rue du Moutier et de la rue Jean Jaurès. Le centre-ville y gagne un théâtre spacieux, un marché couvert et la commune compte bientôt cinq parcs et jardins publics.
La population s'accroît rapidement pour atteindre les 50 000 habitants en 1970. Il n'y a plus dès lors de vie rurale à Villejuif. Cependant, l'industrialisation ne suit guère et, l'essentiel de l'emploi en dehors des administrations est fourni par les hôpitaux. Dès le début des années 1980, le chantier du métro est lancé, et ce sont trois stations qui jalonnent la traversée de Villejuif du nord au sud, transformant ainsi la vie quotidienne des Villejuifois.
Avec Pierre-Yves Cosnier, qui succède à Louis Dolly, les derniers espaces encore peu occupés s'urbanisent : la rénovation du centre s'achève, une zone d'activités est créée à l'Épi d'Or, un nouveau quartier voit le jour près de la redoute des Hautes-Bruyères.
Préparer l'avenir
Aujourd’hui, sous l’impulsion du maire Pierre Garzon, la Ville poursuit sa transformation visant à améliorer la qualité de vie de ses habitants tout en développant son dynamisme économique. La construction de nouveaux logements et d’équipements publics et l’aménagement d’espaces végétalisés permettent de moderniser la ville notamment autour du nouveau quartier Campus Grand Parc, véritable pôle de sciences et santé en matière de recherche et de lutte contre le cancer. Cette transition s’est accélérée avec le développement du réseau de transports du Grand Paris Express renforce son attractivité et son accessibilité. Dans les années à venir, la commune prévoit une transition vers une ville plus verte et durable, avec des infrastructures favorisant la mobilité douce et des projets plus connecté et respectueux de l’environnement.